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- نشر بتاريخ: 04 كانون1/ديسمبر 2015
Est-ce le cas? Comme pour prendre date, Abdelilah Benkirane a révélé qu'il a envoyé une lettre à ce ministre, une procédure ordinaire dans le travail gouvernemental, sauf à annoncer publiquement cette correspondance, ce qui est tout à fait exceptionnel. Dans la pratique institutionnelle des décennies écoulées, l'on avait le schéma suivant: c'est le Roi qui saisit le Chef du gouvernement pour prioriser des actions et baliser le champ des mesures et des réformes à entreprendre.
Que M. Benkirane inaugure aujourd'hui un autre cas de figure n'est pas neutre. Il le fait à propos d'une question de fond touchant les places respectives de l'arabe et du français dans la réforme à l'ordre du jour. Un dossier complexe, à forte charge passionnelle parce qu'il clive fortement toutes les composantes de la société.
Le PJD exprime ainsi une position de principe, consubstantielle à son discours. Il faut rappeler à cet égard qu'il a exprimé les mêmes vues, lors de la réunion de la commission politique mensuelle des membres de son secrétariat général, à la fin février 2015. Mais, à cette occasion, ce qui était à l'ordre du jour, c'était la place respective des deux langues officielles que sont l'arabe et l'amazigh. Le texte adopté relève que les problèmes d'apprentissage à l'école ne sont pas imputables à la langue d'enseignement; qu'ils découlent surtout des choix faits dans les méthodes pédagogiques, les ressources humaines et la gouvernance du système éducatif; et qu'il refuse "toutes les allégations visant à adopter la darija", estimant que celles-ci ne visent qu'à "encercler les deux langues nationales et, en même temps, à ouvrir le champ à l'hégémonie des langues étrangères".
En occupant ce qui s'apparente à un "bunker" –celui de la défense et illustration de la langue arabe dans le système éducatif– M. Benkirane se trouve confronté à un double front. Si le premier, relatif à la darija, s'est replié; le second, lié à la place du français, est sans doute moins prenable. Fort des recommandations de la commission consultative et dune forte inflexion soutenant sa réforme, nul doute que Belmokhtar aura à coeur d'avancer malgré les récriminations orales du Chef du gouvernement. En cette conjoncture préélectorale, qui aura le dernier mot? Et jusqu'où peut aller M. Benkirane dans une démarche de censure de ce que fait l'un de ses ministres? De manière collatérale, n'est-ce pas un rebondissement du débat sur le référentiel des valeurs, sur leur teneur culturelle ainsi que sur le projet de société ?
MarocHebdo
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